Le déploiement annoncé de 80 000 forces de l’ordre pour une participation initialement jaugée par le Ministère de l’Intérieur à 100 000 personnes n’aura pas empêché la réussite de cette journée née de la colère sociale de “bloquons tout”.
Dans les jours précédents le 10 septembre, des tentatives d’intimidation par la police ont eu lieu comme lors de simples collages d’affiches par des militant.e.s de Solidaires qui se sont soldées par des arrestations.
Mais la réussite de la journée du 10 septembre 2025 a été émaillée de plus de 500 arrestations, particulièrement de jeunes, et notamment de militant.e.s syndicaux.ales participant aux diverses manifestations et blocages prévus, de nassages, de gazages, y compris sur des lieux en présence d’enfants ou de passant.e.s.
La procureure de Paris a même signalé une surreprésentation de femmes arrêtées sur Paris, qui questionne.
Un des porte-parole de Solidaires a été interpellé en pleine interview radio.
Plus grave, l’usage d’un canon à eau à Montpellier a fait un blessé grave. D’autres participant.e.s ont été blessé.es, dont une camarade de Solidaires à Rennes et un camarade à Tours. Nombre de militant.e.s témoignent de la violence gratuite des forces de l’ordre qui aurait pu occasionner beaucoup plus de blessé.e.s.
A Montpellier toujours, des journalistes ont été violenté.e.s alors qu’ielles ne faisaient que leur travail démocratique de documentation de la manifestation. Rappelons que l’État a perdu devant le Conseil d’État à chaque fois qu’il a tenté d’entraver par la loi la liberté de la presse. Cela a été le cas lors de la Loi Sécurité Globale, où il a voulu rendre illégal le simple fait de filmer la police. Il a perdu. Il avait également tenté d’accréditer les journalistes pour les manifestations... Il a également perdu.
Retailleau a pourtant réitéré ces attaques contre la liberté d’informer et d’être informé.e (et donc contre la démocratie en règle générale). En catimini cet été, le ministère de l’Intérieur a diffusé un schéma national des violences urbaines (SNVU) destiné "à mettre à disposition des services territoriaux de la police nationale un guide pratique pour la gestion des violences urbaines."
A sa lecture, une phrase sautait particulièrement aux yeux : "la prise en compte du statut des journalistes telle que consacrée par le schéma national du maintien de l’ordre, ne trouve pas à s’appliquer dans un contexte de violences urbaines". Le syndicat des journalistes de Solidaires (le SNJ, majoritaire dans la profession), a saisi la justice.
La phrase sera retirée, mais l’intention de notre gouvernement de museler la presse est insistante et dangereuse.
Encore une fois, les réponses à la colère sociale, ce sont la surveillance policière (de nombreux drones ont été déployés partout en France, en zone urbaine comme en zone rurale), les violences policières (utilisation massive de la nasse pourtant interdite, de gaz lacrymogènes, grenades assourdissantes et mutilantes, LBD, canons à eau...) et la répression (plusieurs jeunes lycéen.ne.s ont été placé.e.s et malmené.e.s en garde à vue le 10 septembre, sans toujours respecter leur droit d’informer leurs parents pour les mineur.e.s).
Tout cela constitue une entrave très grave à la liberté de manifester à l’heure où les inégalités sont insupportables, où des enfants dorment à la rue et ou des mamans se privent de manger alors que les grands patrons et les riches engrangent toujours plus d’argent et de bénéfices, à la sueur de notre front, à grand renfort de notre argent qui au lieu de servir au financement de nos services publics et de notre modèle social, est capté par les subventions publiques et d’allègement de cotisations sociales. Tels des ogres, ils en veulent toujours plus.
C’est aussi une entrave à la liberté de réunion, puisqu’à présent ce sont même les assemblées de personnes mobilisées qui sont prises pour cible.
L’Union syndicale Solidaires condamne fermement l’usage de la force par les forces de l’ordre contre les participant.e.s aux manifestations et actions lors de la journée du 10 septembre. La répression ne sera jamais une réponse à nos revendications. Seule la justice sociale pourra satisfaire et donc calmer la colère des travailleurs et des travailleuses et des populations. Stop à la répression !
Si cette mobilisation des effectifs municipaux à Montpellier ou ailleurs pour autre chose que de la gestion de la circulation devait se réitérer le 18 septembre, cela entrerait en totale contradiction avec les positions et déclarations publiques de certaines de nos édiles vis-à-vis du pouvoir en place et des attaques contre nos droits sociaux, nos services publics et nos libertés publiques.

